À ceux qui ont attrapé le traîneau en chemin — vous avez été 20 000 à vous procurer Des pas dans la neige, ce disque de Noël qui n’en était pas un —, voici l’occasion de confirmer l’impression: oui, tout ce qu’enregistre Maryse Letarte est à chérir.
Et c’est vrai depuis les années 1990: cinq albums témoignent de cette élégance dans la manière, cette transparence dans l’expression. La jeune femme n’en finit plus d’affiner son art, qui est complexe, mine de rien: un art de l’épuration, de la clarté, de la beauté à petites touches, ici des vents et des cordes idéalement servies, des mélodies aux détours ravissants et heureux. Elle sait ce qu’elle fait, fait presque tout, et tout bien: réalisation, arrangements (à la Bacharach, souvent), prise de son, l’essentiel de l’instrumentation. Tout sans forcer. Elle nous amène chez elle comme un disque y parvient rarement: émois, naufrages, douces euphories, tout est là. En spectacle à La Tulipe ce mardi.
Sylvain Cormier, Le Devoir